Tuesday 30 November 2010

De la médecine militaire au quotidien


Qui n’a pas été alpagué par un journaliste, qui, « couvrant » un événement, énonce [voix haletantes, cernes] que « le pronostic vital est engagé ? » Oui, vous l’avez vue cette scène. Celle du dimanche soir au « 20 heures : » journaliste incravaté, ambiance tendue, grilles imposantes, Val de Grâce somnolant, projecteurs, badauds.
On sent toute l’urgence de la situation, le pronostic, la conjecture de ce grand homme est en jeu ! Le pronostic, ce jugement que fait le médecin de l’issue d’une maladie et là. Il est Celui dont tout le monde cause et dont ils ne parlent pas, à cause du grand Secret.
On sent toute la mobilisation qui a lieu derrière ces grilles. Il y a un engagé. Il a été enrôlé cet engagé, il est mis aux prises. Cet engagé, c’est le Pronostic. Sa calotte militaire sur le dos, son fusil à l’épaule, il part à l’assaut, à l’assaut de la mort, il se prépare à l’attaque.
Mais, soudain, le pronostic se prend les pattes dans son engagement. Il chute. Il ne comprend pas sa chute ; dans la boue, il lève son regard: l’engagement l’a fait choir.
Il a réalisé que, tout pronostic qu’il est, il ne peut être engagé : il doit être qualifié.

Ne dites pas : le pronostic vital est engagé.
Dites : le pronostic vital est mauvais.

1 comment:

Gino said...

A quand la suite des aventures de Vital, le Pro agnostique engage ?