Tuesday 21 December 2010

"La doctrine que tu réclames, l'enseignement absolu qui enseigne la sagesse parfaite et unique, cela n'existe pas [...] la vérité se vit, elle ne s'enseigne pas ex cathédra."

Herman Hesse, Je jeu des perles de verre, 1943

Saturday 18 December 2010

La république douchée à la vitesse

La rapidité est le maitre mot de nos sociétés. Nombre d'hommes d'affaires se pressent chaque jour dans les avions (il sont moins comprimés en "business") et tempêtent contre ces fichues formalités de contrôle des papiers qui leur sont imposées! Les queues sont longues et l'attente aussi!

Mais c'est sans compter avec notre cher gouvernement qui a tous prévu! Les Aéroports de Paris (et aussi la PAF et le Ministère de l'intérieur, bien sur!) sont heureux de leur annoncer que le franchissement de nos rassurantes frontières pourra maintenant se faire dans le temps record de 30 secondes (au lieu de 2 à 3 minutes normalement)!
Ils sont heureux de vous présenter PARAFES. En gros une cabine de douche au milieu d'un hall d'aéroport qui contient un lecteur optique de passeport et un lecteur d'empreintes digitales. Le businessman se douche, pose sa main et son passeport et passe. Voila pour le petit nom sympa.

En fait, ce projet s'appelle traitement automatisé de données à caractère personnel relatives à des passagers des aéroports français franchissant les frontières extérieures des Etats parties à la convention signée à Schengen le 19 juin 1990 (titre du premier décret instituant le PARAFE, qui est maintenant régi par un second décret.) Moins appétissant, non?
Un retour en arrière s'impose. Avant de passer à la douche au contrôle le futur fiché se présente à un Officier de police judiciaire (un bleu quoi!), lui tend son passeport et lui permet d'enregistrer ses empreintes digitales. Ces données sont enregistrées dans un fichier.
Oui, pour les plus perspicaces ils ont vu ici le récit de la constitution d'un autre fichier policier.


Ha! que de temps gagné! J'entends déjà certains fichus juristes crier au loup: Mon Dieu, on leur a volé leurs empreintes digitales! Je me permets de les rassurer tout de suite: c'était déjà fait avant! Oui, souvenez vous, lors de la réalisation de votre passeport biométrique. Ha! Oui, vous avez posé vos mains sur une machine...


Milan Kundera disait que "la vitesse est la forme d'extase dont la révolution technique a fait cadeau à l'homme." Je constate après lui que l'extase rend dingue. On est prêt à se faire ficher (volontairement) pour gagner 2 minutes.

Peut être un jour y aura il la queue devant les cabines du PARAFES? (Et la je rédigerai une autre petite note!)

Saturday 11 December 2010

" La route ne tue pas toujours"


Il y a quelques temps, des affiches ont été semées sur les routes du Morbihan. Un sigle présente une personne en fauteuil roulant blanc sur fond rouge et est accompagné du texte suivant : « La route ne tue pas toujours. »
Si, à l’origine, ce panneau a pour but de dissuader les conducteurs de mal se comporter sur la route, il contient un sens caché inadmissible.
Etudions ce panneau. Le sigle blanc sur fond rouge représente, dans les codes de couleurs sociaux, une interdiction. Une prohibition donc de l’handicap. Comme si le panneau interdisait au conducteur d’être handicapé. Le texte maintenant. « La route ne tue pas toujours. » Isolément, c'est-à-dire sans le sigle, ce texte est sympathique : les accidents ne sont pas toujours mortels. Chouette !
Mixons les deux : Personne handicapée + Route pas toujours mortelle = Un accident peut rendre une personne handicapée. Ha ! Bon, le message est donc le suivant : pire que d’être tué (la route ne tue pas toujours), la route peut rendre handicapé. Estimons-nous heureux de mourir plutôt que d’être handicapés.
Même s’il est vrai qu’un département à tout intérêt à ce qu’une personne soit décédée sur la route plutôt qu’handicapée (le département finance les services de secours et une partie des hôpitaux et des services aux handicapés), ce sens caché est très vicieux.
La sociologie démontre qu’une société bâtie sur la théorie capitaliste voit en tout non productif (un handicapé, un ancien, un jeune) un poids.
Tâchons donc de mourir plutôt que de voir réduit notre pouvoir de produire. (Sarcasme).

Saturday 4 December 2010

LE Grand Tin et le Petit Tât

Ma rencontre avec le Grand Tin remonte au bac. Il hantait, lui et ses comparses les matières « littéraires. » Vous le connaissez aussi sûrement. Moi, il me traumatisa. Il trônait, seul à bord de cette feuille blanche, de longues minutes d’indécision.
Je commence aujourd’hui à mesurer combien j’aurai dû mieux gouter ces instants. Oui, le Grand Tin, le Grand Tin vierge, celui de tous les possibles. Il était l’appel à tout, le début.
Cependant, il n’était pas seul. Une fois maté, venait le non-moins-problématique Grand Deuh. Le concernant, le combat était le même : un combat contre la virginité.
Et moi qui croyait en avoir fini avec toute cette blancheur, je me retrouvais face au monstre, au moche, au pire ! j’ai nommé le Grand Tât ! Immense. Puant. Suintant. Il faudra pourtant le nommer, et –plus dur- le remplir.
Je sais ce que vous vous dites : fastoche ! Je vous arrête tout de suite. J’aimerai vous y voir, vous. Comment voulez vous remplir tout un Grand Tât, à plus forte raison quand le Tât est un tat ! On ne peut rien contre la physique.

Étudiants, ne dites pas : « dans un grand tin nous verrons… puis dans un grand tât… »
Étudiants, dites : « d’une part… d’autre part… ou au sein d’une première partie… au sein d’une seconde partie. »